Défricher la programmation du Festival du Nouveau Cinéma, c’est comme choisir l’itinéraire d’un prochain voyage: beaucoup trop d’attraits pour le peu de temps que nous avons sur place. Malgré les 11 jours de projections, il faut déterminer quels films parmi les 383 œuvres proposées capteront notre regard dans l’obscurité.
S’il y a les éternels incontournables que sont les Bruno Dumont (sa comédie musicale JEANNETTE, L’ENFANCE DE JEANNE D’ARC), Hong Sang-Soo à la deux (LA CAMÉRA DE CLAIRE et THE DAY AFTER), Denis Côté (TA PEAU SI LISSE), Andrei Zvyagintsev (LOVELESS), Yorgos Lanthimos (LA MISE À MORT DU CERF SACRÉ) et le palmé Ruben Östlund (THE SQUARE), plusieurs films ayant moins de visibilité pourraient vous échapper.
Voici donc 5 longs métrages qui méritent votre attention.
LA NUIT OÙ J’AI NAGÉ de Kohei Igarashi & Damien Manivel, France/Japon, 2017
Après la surprise du singulier LE PARC, le cinéaste français Damien Manivel collabore avec le japonais Kohei Igarashi (HOLD YOUR BREATH LIKE A LOVER, 2014) pour nous offrir un poème visuel sous forme de déambulatoire dans les rues enneigées d’un ville japonaise. Sans parole, nous suivons ce gamin comme un grand explorateur en quête d’un nouveau continent. Fascinant!
Pour tous les détails des deux projections.
BAD LUCKY GOAT de Samir Oliveros, Colombie, 2017
Comédie sur fond de musique reggae, impossible de ne pas tomber sous le charme de ce trio improbable composé d’un frère et d’une sœur, que tout oppose, et d’une pauvre chèvre morte qu’ils ont accidentellement tuée. Un premier film sans prétention qui se laisse regarder tout seul, annonçant un auteur plein d’assurance qui dirige habillement ses comédiens non-professionnels. Prometteur!
Pour en savoir plus sur les deux représentations de ce film.
PRENDS SEIGNEUR PRENDS de Cédric Dupire & Gaspard Kuentz, France, 2017
Vous pensiez que MOTHER! de Darren Aranofsky était troublant, attendez de voir le nouveau documentaire du tandem Cédric Dupire & Gaspard Kuentz. PRENDS SEIGNEUR PRENDS nous plonge en plein cœur du festival de Panchwa au Rajastan, un État du nord-ouest de l’Inde. Sans filet, le saut est troublant parmi ces exorcismes où les adultes et les enfants (!) se transforment sous nos yeux. Un autre tour-de-force du duo derrière les solides WE DON’T CARE ABOUT MUSIC ANYWAY et KINGS OF WIND AND ELECTRIC QUEENS. Et les chèvres, encore elles, passent vraiment un mauvais quart d’heure. Hallucinant!
Pour ne pas manquez les deux séances durant le festival.
LUMIÈRES D’ÉTÉ de Jean-Gabriel Périot, France/Japon, 2016
Voilà une proposition singulière qui mérite le déplacement. LUMIÈRES D’ÉTÉ, le 2e long métrage du français Jean-Gabriel Périot (UNE JEUNESSE ALLEMANDE), est une lettre d’amour à Hiroshima (clin d’œil pleinement assumé à Alain Resnais). Le tout débute avec l’émouvant témoignage fictif (mais proche du réel) d’une survivante du bombardement. La suite est une promenade avec deux attachants personnages, dans cette ville qui a repris goût à la vie. Coup de cœur!
Deux chances de voir ce petit bijou durant cette 46e édition du FNC.
LES GARÇONS SAUVAGES de Bertrand Mandico, France, 2017
Le cinéaste d’animation et d’œuvres expérimentales français Bertrand Mandico a confectionné un premier long métrage qui devrait plaire aux fans de Guy Maddin. Élégant, étrange, légèrement dérangeant, LES GARÇONS SAUVAGES a été tourné à la Réunion, lieu qui hante ce film imprévisible. Inspiré autant de Jules Verne, du cinéma japonais des années 60 et l’oeuvre entière de William Burroughs, je salue l’audace des cinq actrices qui ont embarqué dans cette aventure, dont la talentueuse Vimala Pons. Surprenant!
Deux occasions pour attraper ce long métrage.
Et vous, avez-vous des suggestions? Bon festival!