LE DAIM, changer de peau

LE DAIM de Quentin Dupieux ⭐⭐⭐⭐

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Fort de quelques-uns des plus beaux ovnis cinématographiques de la récente décennie (entre autres le pneu tueur de RUBBER et la mise en abyme sans fin de RÉALITÉ) l’univers de Quentin Dupieux continue son expansion avec probablement son oeuvre la plus aboutie et la plus pertinente, le jouissif et inquiétant LE DAIM.

Pour ce septième long métrage (NON FILM étant un moyen métrage de 42 minutes), le cinéaste trouve en Jean Dujardin son parfait alter ego, un homme qui craque pour un manteau en daim et qui s’improvisera réalisateur, suite au cadeau d’une caméra-vidéo offerte par l’ancien propriétaire du dit blouson. Là où tout bascule, c’est lorsque ce Georges prend la décision (ou est-ce celle de la peau de daim) d’être le seul a posséder une veste dans ce coin perdu des Pyrénées.

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Vus et pas (encore) vus au 48e FNC

Synonymes

Quentin Dolmaire, Tom Mercier & Louise Chevillotte dans la décharge SYNONYMES de Nadav Lapid

En pleine saison des couleurs, l’aîné des festivals de cinéma montréalais tentera de nous en mettre plein la vue, encore une fois. Le Festival du nouveau cinéma se réinvente un peu avec l’arrivée d’une nouvelle directrice de la programmation (Zoé Protat) et quelques thématiques (une chance unique de revoir l’un des meilleurs films de la décennie, le clairvoyant TAKE SHELTER de Jeff Nichols), mais dans l’ensemble nous avons toujours ce juste mélange de titres primés dans les grands festivals et de nombreux objets cinématographiques non identifiés.

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CEUX QUI TRAVAILLENT, un beau grand bateau

CEUX QUI TRAVAILLENT d’Antoine Russbach ⭐⭐⭐⭐

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Frank, mi-cinquantaine, marié et père de cinq enfants, est avant tout un cadre qui ne compte pas ses heures de travail. Au sein d’une compagnie de transport maritime, il est précis, prévoyant, performant, impassible et il semble manquer d’empathie. Mais ça ne semble pas déranger ses employeurs, car son boulot est bien fait. Jusqu’au jour où Frank prendra une décision dans l’urgence, initiative qui aura des répercussions sur son emploi, sa famille et surtout sur lui. D’une redoutable efficacité, CEUX QUI TRAVAILLENT est le premier long métrage du cinéaste d’origine suisse Antoine Russbach, un portrait juste de notre époque sans pitié, où une violence latente rode autant dans les corridors d’une grande société que sur le quai d’un immense cargo.

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L’HEURE DE LA SORTIE, film intelligent

L’HEURE DE LA SORTIE de Sébastien Marnier ⭐⭐⭐⭐

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Le film débute sur un plan fixe du soleil, que l’on sent lourd, puissant dans sa lumière qui brûle le regard, appuyé par un son strident, qui intensifie ce sentiment de malaise. La séquence suivante, nous sommes dans une classe où un professeur ouvre précipitamment les fenêtres, comme pour remonter à la surface, retrouver un peu d’air, un ultime souffle, fixant la sueur qui perle sur les nuques de ses élèves, il avance une chaise sur le bord de l’ouverture, il y monte et en sans hésitation il se lance dans le vide. Le ton est donné, bienvenue dans L’HEURE DE LA SORTIE, le nouveau thriller du cinéaste Sébastien Marnier.

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LES FAUVES, la belle bête

LES FAUVES de Vincent Mariette ⭐⭐⭐1/2

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L’enfance est vraiment une période fascinante, celle qui façonne l’adulte que nous devenons, imprégnant dans notre conscience et notre inconscient, des souvenirs lucides altérés par l’usure du temps, et des échos lointains de peurs qui nous suivront, dans nos rêves, et parfois même dans des moments pleinement éveillés. LES FAUVES de Vincent Mariette est de ceux-là, le cinéaste-scénariste ayant construit son récit sur quelques traces dans sa mémoire, de nuits dans un camping dans la région qu’habitaient ses grands-parents, en Dordogne.

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DUELLES, ne pas être Chabrol

DUELLES d’Olivier Masset-Depasse ⭐1/2

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Le cinéma est un art de l’équilibre, et pour le cinéaste cela exige de savoir doser toutes les composantes de son oeuvre. Pour y arriver convenablement, ce dernier devra réussir à prendre un certain recul sur son travail, et grâce à cette distance, il pourra mesurer si certains éléments sonnent faux, voire même s’ils nuisent à l’évolution du récit. Avec DUELLES, Olivier Masset-Depasse signe un 3e long métrage qui bascule constamment, sans jamais réussir à rendre crédible cette descente en enfer.

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MIDSOMMAR, crier au loup

MIDSOMMAR d’Ari Aster ⭐⭐1/2

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Après le grand bruit d’HEREDITARY, son premier film maîtrisé et à la fois dilué dans d’interminables longueurs, le talentueux Ari Aster nous revient avec l’intrigant MIDSOMMAR. Alléchante prémisse que cette escapade entre amis dans une communauté suédoise aux traditions folkloriques  pour le moins…singulières.

L’action débute en hiver aux États-Unis, où le cinéaste prend le temps (judicieusement) d’installer une dynamique de couple unidirectionnelle, importante pour le reste du récit, et l’environnement dans lequel elle se déploie, soit au sein d’un quatuor de jeunes hommes universitaires, aussi préoccupés par leur mémoire de maîtrise que par les femmes qu’ils vont rencontrer durant leurs vacances européennes.

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LES DRAPEAUX DE PAPIER, prendre son envol

LES DRAPEAUX DE PAPIER de Nathan Ambrosioni ⭐⭐⭐1/2

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Une très intéressante question se pose avec l’arrivée sur nos écrans du premier long métrage du jeune Nathan Ambrosioni, LES DRAPEAUX DE PAPIER: comment critique-t-on un film dont la mise en marché repose surtout sur l’âge précoce du cinéaste? Si nous avons eu le cas de notre « prodige » national en la personne de Xavier Dolan, que penser de la proposition cinématographique de ce cinéaste précoce dont un de ses modèles est justement le réalisateur de J’AI TUÉ MA MÈRE?

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ANNA, usine de recyclage

ANNA de Luc Besson ⭐1/2

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Il y a eu Anne Parillaud, Milla Jovovich et Scarlett Johansson, au tour maintenant de la mannequin russe Sasha Luss d’entrer dans l’univers fantasmé du réalisateur Luc Besson. Son 18e long métrage s’intitule simplement ANNA, prénom en palindrome pour ce film qui multiplie inutilement les sauts dans le temps, du début à la fin.

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DOGMAN, ne pas lâcher le morceau

DOGMAN de Matteo Garrone ⭐⭐⭐1/2

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Il y a dans l’histoire du cinéma italien, des performances d’acteurs et d’actrices qui transcendent l’oeuvre dans laquelle ils ou elles jouent. Comme si le scénario, les décors, toute la mise en scène, les autres comédiens et comédiennes, et même la musique, étaient là pour que la performance de l’un d’entre eux puisse s’élever au-dessus du lot, pour nous rendre témoin d’un moment de grâce dans la vie de cette personne, en pleine possession de ses moyens, capable d’être en parfaite cohésion avec son personnage, lui offrant même une humanité bien au-delà de celle écrite par le scénariste.

Que l’on pense à Marcello Mastroianni, plus grand que nature dans  HUIT ET DEMI de Federico Fellini; Monica Vitti, bouleversante dans LE DÉSERT ROUGE de Michelangelo Antonioni; ou encore Roberto Benigni dans son sublime LA VITA È BELLA. Je pourrais poursuivre cette énumération longtemps. Il faudra désormais y ajouter le nom de Marcello Fonte, géant dans le DOGMAN de Matteo Garrone.

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