La plus belle histoire d’amour au cinéma en 2022, elle était bien réelle dans l’époustouflant documentaire FIRE OF LOVE de Sara Dosa, sur le couple de volcanologues composé de Katia et Maurice Krafft
Même si cela nous semble déjà très loin, au début janvier 2022, nous étions encore confinés, rêvant de retrouver les salles de cinéma. Heureusement, l’attente n’a pas été trop longue, car dans les premiers jours de février nous étions plusieurs cinéphiles à retrouver avec bonheur et excitation le grand écran.
Olivia Colman, au sommet de son art, dans le puissant premier long métrage de Maggie Gyllenhaal THE LOST DAUGHTER
Nous sommes au début janvier 2022, mais nous pourrions presque être de nouveau le premier janvier 2021. Comme l’an dernier, la pandémie nous empêche de nous rassembler dans l’obscurité des salles, d’être ébloui par cette généreuse lumière qui nous raconte des histoires, d’ici et d’ailleurs. Heureusement, nous avons pu en profiter pleinement depuis le mois d’avril dernier, lorsque les cinémas ont enfin pu rouvrir. Et surtout, presque tous les films qui n’ont pas pu sortir en 2020, ont trouvés leur chemin jusqu’à nous.
Un plan pour résumé cette année « maudite » tiré du film THE ASSISTANT de Kitty Green, avec la comédienne Julia Garner
Bye bye 2020! Nous nous souviendrons longtemps de ce nouveau début de décennie, bien sûr pour les multiples victimes de cette pandémie mondiale (on ne lâche pas, il y a de l’espoir pour 2021), mais d’un point de vue cinématographique c’est surtout la fermeture complète des salles pendant plus de la moitié de l’année qui nous aura déstabilisés. La majorité des gens auront battu leur record personnel de visionnement de films, mais pas dans un cinéma. Plutôt confortablement installé à la maison, sur une des multiples plateformes numériques, grandes salvatrices de notre santé mentale.
Mais venons-nous de franchir le point de non-retour? Un peu comme le télétravail versus les tours à bureaux, est-ce que les spectateurs retourneront en grand nombre dans l’obscurité pour partager le même air et les mêmes émotions que leurs voisins issus d’une autre bulle familiale que la leur? Jamais nous n’aurions pu penser de tels propos en janvier dernier, même si nous étions déjà au courant qu’un virus risquait de se propager hors des frontières de la Chine.
Après les impressionnants SICARIO et ARRIVAL, il est normal de considérer BLADE RUNNER 2049 de Denis Villeneuve comme l’un des films les plus attendus cette année. Et bonne nouvelle, Roger Deakins est de retour derrière la caméra comme directeur-photo. Sortie prévue le 6 octobre 2017.
Voici de toutes nouvelles images de la suite du chef d’oeuvre de Ridley Scott, en plus d’extraits d’entrevue avec le cinéaste québécois et ses acteurs principaux, Ryan Gosling & Harrison Ford, et Monsieur Scott.
C’est le 29 octobre 1969 dans la pièce 3420 de l’Institut de recherche de l’Université Stanford que la toute première connexion entre deux ordinateurs a eu lieu. Prémisse de ce qui deviendra quelques années plus tard notre internet et aussi du fascinant documentaire de Werner Herzog, LO AND BEHOLD – REVERIES OF THE CONNECTED WORLD.
En 10 chapitres, cet essai cinématographique du vétéran cinéaste allemand ratisse large et dans toutes les directions, à l’image de son sujet. S’il est impossible de traiter de tous les aspects d’internet en moins de deux heures, il faut dire que le réalisateur de GRIZZLY MAN montre tout son savoir-faire en gardant son principal objectif, démontrer notre grande vulnérabilité face à cet invention souvent hors de contrôle qui, paradoxalement, contrôle de plus en plus nos vies.
Comme toujours, l’été est souvent un désert cinématographique pour les cinéphiles qui veulent voir autres choses que des films usinés par les gros studios américains. Si nous pouvons toujours compter sur le festival FANTASIA pour nous proposer vraiment du cinéma audacieux et hors des sentiers battus, il faudra aussi ajouter la Cinémathèque québécoise qui nous promet plusieurs bijoux de la Nouvelle vague française.
C’est aussi souvent dans les parcs que les trouvailles se font. La dynamique équipe de Funambules Médias sera de retour pour la 7e édition du Cinéma sous les étoiles (horaire à venir sous peu). Et plusieurs festivals investissent aussi les lieux publics comme les RIDM et Cinémania.
En fouillant un peu, il y a tout de même 9 films qui mériteront une visite dans les salles obscures cet été.
CHEVALIER de Athiná-Rachél Tsangári (vendredi 17 juin)
Après le rafraîchissant ATTENBERG, la réalisatrice grecque est de retour avec CHEVALIER. Tout comme son compatriote Yórgos Lánthimos (CANINE, ALPS, THE LOBSTER), dont elle produit les films, Tsangári a toujours une prémisse assez singulière. Dans ce cas-ci, il s’agit de 6 hommes coincés sur un yacht de luxe, qui s’affronteront dans une compétition à savoir « qui est le meilleur en général ». L’humour absurde et les malaises seront sûrement encore présents.
En voyant le premier ou le deuxième film de jeunes cinéastes, il est possible de savoir que nous attendrons toujours impatiemment leur prochaine réalisation. Pour ma part, se fut le cas en découvrant les Harmony Korine, Denis Côté, Lars von Trier, Leos Carax, Hirokazu Kore-eda, David Michôd, Fatih Akin et tant d’autres.
L’américain Jeff Nichols figure au haut de cette liste. En seulement 3 longs métrages (SHOTGUN STORIES en 2007, le formidable TAKE SHELTER en 2011 et MUD en 2012), ce scénariste de grand talent a réussi à créer de grandes attentes pour tous ses projets à venir. Il sait développer des histoires accrocheuses avec des personnages souvent tourmentés mais rarement agités, hantés par leur passé et craignant souvent l’avenir. De belles métaphores sur l’Amérique contemporaine, teintées d’un esprit et d’un rythme typique des états du sud.
Présentement en compétition officielle au Festival de Berlin, son tout nouveau MIDNIGHT SPECIAL intrigue par son approche fantastique, thème sous-jacent dans son oeuvre la plus puissante et la plus achevée, TAKE SHELTER avec son acteur fétiche Michael Shannon.
Cette cavale père-fils pour protéger le jeune aux pouvoirs surnaturels nous arrivera sous peu, le 18 mars, et elle confirmera sûrement l’étendu du talent de Nichols. Il termine déjà une autre production, LOVING, qui sortira peut-être avant la fin de l’année.
En fin de semaine, le directeur-photo d’origine mexicaine Emmanuel Lubezki a marqué l’histoire du cinéma avec ses images pour THE REVENANT d’Alejandro G. Iñárritu. Il est devenu le premier de sa profession à remporter trois années consécutives le prestigieux ASC Awards (le prix remit par l’American Society of Cinematographers, donc par ses pairs) et aussi le seul à l’obtenir pour une 5e fois dans sa carrière (CHILDREN OF MEN d’Alfonso Cuarón en 2006, THE TREE OF LIFE de Terrence Malick en 2011, GRAVITY d’Alfonso Cuarón en 2013, BIRDMAN d’Alejandro G. Iñárritu et maintenant THE REVENANT du même cinéaste).
Il y a aussi de très forte chance qu’il devienne le premier chef opérateur à monter sur la scène du Dolby Theater une troisième fois en trois ans pour soulever le précieux Oscar (toutes catégories confondues, c’est Walt Disney qui détient l’impressionnant record de 8 Oscar consécutifs).
En regardant les projets sur lesquels Lubezki travaille, nous pouvons nous demander jusqu’à quel point il ne devient pas coréalisateur de ceux-ci tellement son influence et sa marque sont identifiables. Impossible de le séparer des plus récents Malick et Cuarón, et maintenant d’Iñárritu.
En attendant KNIGHT OF CUPS de Terrence Malick qui nous arrivera le 4 mars prochain, ce montage prouve sans l’ombre d’un doute que toutes les images d’Emmanuel Lubezki sont des moments cinématographiques précieux.
Je l’avoue sans hésitation, j’ai toujours eu de la difficulté avec les films québécois de Denis Villeneuve. Mis à part son tout premier long métrage UN 32 AOÛT SUR TERRE (et même un peu avant ça, son formidable court métrage REW-FFWD réalisé à l’ONF), tous ses autres propositions cinématographiques m’ont toujours épaté visuellement mais je sortais des projections troublé par des questions d’ordre moral. Il a atteint des sommets dans l’insupportable POLYTECHNIQUE en 2009, nous plongeant au cœur de ce drame innommable comme si nous étions témoins des actes de barbaries du tueur dont je tairais le nom. Ce point de vue irrespectueux envers la mémoire des victimes m’avait outré et j’avais été soulagé de lire les mots de l’auteur et professeur André Habib dans son désormais célèbre texte MORTES TOUTES LES APRÈS-MIDI.
Si ça ne c’est guerre amélioré avec INCENDIES (pour de toutes autres raisons, mais enchaînons), j’ai retrouvé un vif intérêt dans le travail de Villeneuve depuis qu’il tourne dans la langue de Spielberg. Pourquoi? ENEMY étant davantage un film typiquement canadien-anglais avec ses questionnements schizophréniques (thème déjà très présent dans les films premiers films d’Atom Egoyan & David Cronenberg), je passerai immédiatement à PRISONERS et surtout SICARIO, ses deux longs métrages américains.
Il y a 40 ans sortait en salles le percutant TAXI DRIVER de Martin Scorsese. Bon moment pour revenir sur l’importance de ce film et surtout sa pertinence, encore et peut-être davantage aujourd’hui.
Écrit par le scénariste Paul Schrader (et basé sur un vrai wannabe assassin qui avait fait les manchettes en 1970, Arthur Bremer), c’est le cinéaste Robert Mulligan (TO KILL A MOCKINGBIRD) qui devait au départ réalisé et c’est Jeff Bridges qui allait devenir Travis Bickle. Heureusement pour nous, Schrader a insisté pour que Scorsese se retrouve derrière la caméra et que Robert De Niro prenne les traits du vétéran de la Marine Bickle.
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