L’HEURE DE LA SORTIE, film intelligent

L’HEURE DE LA SORTIE de Sébastien Marnier ⭐⭐⭐⭐

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Le film débute sur un plan fixe du soleil, que l’on sent lourd, puissant dans sa lumière qui brûle le regard, appuyé par un son strident, qui intensifie ce sentiment de malaise. La séquence suivante, nous sommes dans une classe où un professeur ouvre précipitamment les fenêtres, comme pour remonter à la surface, retrouver un peu d’air, un ultime souffle, fixant la sueur qui perle sur les nuques de ses élèves, il avance une chaise sur le bord de l’ouverture, il y monte et en sans hésitation il se lance dans le vide. Le ton est donné, bienvenue dans L’HEURE DE LA SORTIE, le nouveau thriller du cinéaste Sébastien Marnier.

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Après IRRÉPROCHABLE (inédit au Québec),  dans lequel Sébastien Marnier nous montrait qu’il maîtrisait très bien les codes du genre, il revient en nous proposant sa relecture du roman éponyme de Christophe Dufossé. Nous sommes donc au prestigieux Collège de Saint-Joseph, où Pierre Hoffman remplace à pied levé le professeur suicidaire, maintenant dans le coma. Ce qu’il y a de singulier ici, c’est qu’il devra enseigner à une classe de surdoués, 12 jeunes particulièrement intelligents, juste assez arrogants pour défier les adultes qui les côtoient.

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Dès l’arrivée de ce remplaçant, campé adroitement par Laurent Lafitte, tout comme lui nous sentons qu’il y a quelque chose qui cloche au sein de ce groupe, qu’ils cachent un secret, comme leurs étranges rencontres dans cette carrière, où ils se filment à divers jeux sans réaliser les dangers qu’ils prennent. Leurs visages encore enfantins, à la frontière des mutations de l’adolescence, il y a une dichotomie entre la pertinence de leurs propos trop articulés pour leur âge, et la fragilité de leurs corps, tant face aux membres du personnel scolaire qu’aux autres étudiants qui les rejettent, parfois violemment.

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Marnier excelle en créant ce gouffre entre son « héros » solitaire, sans réel soutien de ses collègues, et ses brillants élèves qui semblent tranquillement le manipuler, lui rétorquant toujours avec précision et véhémence. Tout comme Pierre Hoffman, nous sommes souvent déstabilisés en tant que spectateurs, cherchant les minces pistes qui pourraient justifier de tels comportements. Le climat d’angoisse est aussi habilement accentué par les nombreuses vidéos de fin du monde sur lesquelles tombent Monsieur Hoffman, et la musique lancinante d’Étienne Jaumet, alias Zombie Zombie (en plus d’astucieuses reprises de chansons de Patti Smith par la chorale de l’école).

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Après l’intrigant FAUVES de Vincent Mariette sorti un peu plus tôt cet été, et mettant aussi en vedette Laurent Lafitte, force est de constater qu’il se passe de belles choses dans le cinéma de genre en France. Sans jamais tomber dans le surlignage à l’américaine, L’HEURE DE LA SORTIE est une proposition qui a confiance en ses moyens, jouant avec l’intelligence du public, capable de conserver son mystère jusqu’au dernier geste posé, comme une touche de confiance, de résilience, de compréhension après tant de questions.

 

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