
Une des belles surprises de 2018, le mystérieux film suédois BORDER du danois Ali Abbasi
Dans un an à pareille date, la décennie 2010-2019 se terminera. Quels films de l’année 2018 nous resteront encore en tête? Impossible encore d’y répondre, mais en regardant les 30 titres qui ont marqué mes 12 derniers mois, plusieurs œuvres diffusées tôt dans l’année ressortent de manière convaincante dans le haut de mon classement.
Avec un peu plus de 300 longs métrages vus cette année et autant de courts métrages, il y aura eu beaucoup plus de déceptions que de grands bonheurs cinématographiques. À défaut de nombreux coups de cœur, 2018 demeurera impressionnante pour l’arrivée de nombreux jeunes cinéastes avec leur première fiction à la signature forte (entre autres celles de Geneviève Dulude-Decelles, Xavier Legrand, Pascal Plante, Jeremiah Zagar, Yan Giroux, Dominique Rocher, Sophie Dupuis, Jonathan Beaulieu & Renaud Lessard).

MAD DOG LABINE de Jonathan Beaulieu & Renaud Lessard, pépite d’or de la cuvée 2018 du programme Talents en vue de Téléfilm Canada
Contrairement aux années précédentes, j’ai vu beaucoup moins de documentaires (manquer les RIDM en est sûrement la cause). Heureusement il y en a eu plusieurs très inspirants, réalisés par des cinéastes québécois: d’emblée PREMIÈRES ARMES de Jean-François Caissy et LA PART DU DIABLE de Luc Bourdon, mais aussi DES HISTOIRES INVENTÉES de Jean-Marc E. Roy, CHASSEURS DE PHOQUES de Nicolas Lévesque, MANIC de Kalina Bertin, LABRECQUE, UNE CAMÉRA POUR MÉMOIRE de Michel La Veaux, PAULINE JULIEN, INTIME ET POLITIQUE de Pascale Ferland, LA RIVIÈRE CACHÉE de Jean-François Lesage et DESTIERROS d’Hubert Caron-Guay.
De son côté, le cinéma français de qualité a de plus en plus de difficulté à se tailler une place sur nos écrans, la preuve étant l’absence de MEKTOUB MY LOVE: CANTO UNO d’Abdellatif Kechiche sur notre territoire. Inexcusable et maintenant, suite aux allégations qui pèsent sur Kechiche, impossible. Tout comme les passages éclair de l’annonciateur pré-gilets jaunes POUR LE RÉCONFORT de Vincent Macaigne, du brillant LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE de Dominique Rocher et du délirant CRASH TEST AGLAÉ du québécois Éric Gravel. Une chance, les festivals (CINÉMANIA en tête) nous aident à combler certains retards, mais la situation est alarmante pour l’avenir.

La lumière de MEKTOUB MY LOVE: CANTO UNO d’Abdellatif Kechiche
Parmi les absents de mon top 30, je souligne quelques longs métrages qui ont marqué ma mémoire sans réussir à s’y tailler une place: FÉLICITÉ d’Alain Gomis, EN GUERRE de Stéphane Brizé (malgré une fin archi décevante), THE SISTER BROTHERS de Jacques Audiard, SORRY TO BOTHER YOU de Boots Riley, CLAIRE L’HIVER de Sophie Bédard Marcotte, AT ETERNITY’S GATE de Julian Schnabel, EIGHT GRADE de Bo Burnham, HAPPY FACE d’Alexandre Franchi, SUSPIRIA de Luca Guadagnino, IMPETUS de Jennifer Alleyn, MADELINE’S MADELINE de Josephine Decker, VOX LUX de Brady Corbet, PREMIÈRES ARMES de Jean-François Caissy, COLD WAR de Paweł Pawlikowski, IN FABRIC de Peter Strickland, BLACKKKLANSMAN de Spike Lee, THIS IS CONGO de Daniel McCabe, LA DISPARITION DES LUCIOLES de Sébastien Pilote, ASH IS PUREST WHITE de Jia Zhang-ke, DE CHAQUE INSTANT de Nicolas Philibert et EMPTY METAL d’Adam Khalil & Bayley Sweitzer.

À découvrir de toutes urgences début 2019, l’hybride et astucieux IMPETUS de Jennifer Alleyn
Et il a aussi tous les films que je n’aurai pas eu le temps de voir avant cette fin d’année. En premier, THE FAVOURITE de Yorgos Lanthimos, habitué de mon top 10, mais aussi LES ÂMES MORTES de Wang Bing, ZAMA de Lucretia Martel, TRANSIT de Christian Petzold, RYUICHI SAKAMOTO: CODA de Stephen Nomura Schible, LEAN ON PETE de Andrew Haigh, LONG’S DAY JOURNEY INTO NIGHT de Bi Gan, IF BEALE STREET COULD TALK de Barry Jenkins, FIRST MAN de Damien Chazelle, HEUREUX COMME LAZZARO de Alice Rohrwacher, 24 FRAMES d’Abbas Kiarostami, AN ELEPHANT SITTING STILL de Hu Bo et HALE COUNTY THIS MORNING, THIS EVENING de RaMell Ross.
Seul au sommet, une merveille qui brille de toute sa lumière, son humanité et d’une puissante vulnérabilité, porté par des non-professionnels touchés par la grâce, où l’homme et la bête se comprennent dans leurs peurs et leurs failles, une ode à la deuxième chance et à tous les écorchés vifs qui n’ont pas de tribunes dans notre monde instagrammé.
Sans plus attendre, voici les 30 longs métrages tous genres confondus que j’ai vu pour la première fois en 2018 au cinéma, en festival, en lien, comme programmateur et aucun en DVD/Blu Ray (la fin d’une époque):
- THE RIDER de Chloé Zhao
- PHANTOM THREAD de Paul Thomas Anderson
- HAPPY HOUR de Ryūsuke Hamaguchi
- BORDER d’Ali Abbasi
- MEKTOUB MY LOVE: CANTO UNO d’Abdellatif Kechiche
- BURNING de Lee Chang-dong
- LE POIRIER SAUVAGE de Nuri Bilge Ceylan
- ROMA d’Alfonso Cuarón
- YOUR WERE NEVER REALLY HERE de Lynne Ramsay
- MANDY de Panos Cosmatos
- SHOPLIFTERS d’Hirokazu Kore-eda
- FIRST REFORMED de Paul Shrader
- JUSQU’À LA GARDE de Xavier Legrand
- WE THE ANIMALS de Jerimiah Zagar
- POUR LE RÉCONFORT de Vincent Macaigne
- AMERICAN ANIMALS de Bart Layton
- UNE COLONIE de Geneviève Dulude-Decelles
- PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE de Christophe Honoré
- THE GUILTY de Gustav Möller
- ANNIHILATION d’Alex Garland
- PLONGER de Mélanie Laurent
- VICE d’Adam McKay
- LA PART DU DIABLE de Luc Bourdon
- MES PROVINCIALES de Jean-Paul Civeyrac
- LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE de Dominique Rocher
- GRASS de Hong Sang-soo
- HOSTILES de Scott Cooper
- AU POSTE! de Quentin Dupieux
- UPGRADE de Leigh Whannell
- CRASH TEST AGLAÉ d’Éric Gravel
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