LA LOI DU MARCHÉ, l’exception Lindon

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Dans le 6e long métrage de Stéphane Brizé, LA LOI DU MARCHÉ, il y a la consécration d’un acteur que nous savions doué et qui nous offre une performance parfaite. Vincent Lindon, couronné au Festival de Cannes en 2015 et aux César en 2016, montre à travers le personnage de Thierry, la palette complète des couleurs de son immense talent.

Troisième collaboration entre le cinéaste de MADEMOISELLE CHAMBON et le héros engagé de WELCOME, il y a une parfaite symbiose entre le réalisateur et son comédien. Brizé laisse toute la place à Lindon pour qu’il puisse développer dans les moindres petits détails, la force et la vulnérabilité de cet homme brisé par la réalité du monde du travail en France. Cette fiction à elle seule peut résumer ce qui se passe présentement chez nos cousins français, cette montée aux barricades que sont les nombreuses « nuit debout » et cette rage contre le système que plusieurs jeunes casseurs voudraient nous faire croire qu’ils représentent (mais qui grondent dans l’antre de beaucoup de salariés). S’il n’y a pas d’éclats dans LA LOI DU MARCHÉ, il y a beaucoup de violence, celle invisible qui gruge de l’intérieur des milliers de travailleurs qui réussissent à peine à joindre les deux bouts.

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Stéphane Brizé a pris deux décisions primordiales pour que son film témoignent le plus honnêtement possible de cette crise du travail. Il a premièrement choisi de collaborer avec le jeune directeur-photo Eric Dumont, issu du documentaire. LA LOI DU MARCHÉ témoigne au plus près de l’épiderme, la souffrance morale de Thierry. Sans jamais vouloir impressionner par ses images, Dumont rend justice aux propos et respecte l’ensemble des acteurs qu’il filme.

Parlant des acteurs, la seconde décision judicieuse de Brizé est d’avoir misé sur une majorité de non-professionnels. Ces hommes et ces femmes devant la caméra ont repris leur propre rôle dans la vie, ajoutant une force supplémentaire à la présence déjà marquée de Vincent Lindon. Ce dernier se fond dans l’ensemble grâce à son physique d’entrepôt, comme s’il avait réellement « bossé » toute sa vie dans ce type d’univers.

Au final, nous avons un film à tout épreuve, témoin essentiel de son époque, porté par un acteur immense qui n’a pas fini de mettre de l’avant tous ces hommes écorchés par la vie, mais qui conserve l’essentiel, leur fierté et leur humanité.

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