Devant la caméra de son père Philippe dès l’âge de 5 ans et baignant dans le monde des images depuis sa naissance, Louis Garrel est un véritable enfant du cinéma (notons aussi que sa mère est l’actrice et réalisatrice Brigitte Sy). Prenant son travail d’acteur très au sérieux, le filleul de Jean-Pierre Léaud a été chercher des outils pour améliorer son jeu au Conservatoire national, moment où sa carrière prenait vraiment son envol. S’il enchaîne les rôles depuis et qu’il a su se tailler une place de choix au sein du cinéma français, il ne faut pas se surprendre que par défi et envie, il soit passé derrière la caméra.
C’est en 2008 que Garrel fils tourne le court métrage MES COPAINS (en visionnement libre ici), s’ensuive le magnifique moyen métrage LE PETIT TAILLEUR (que vous pouvez voir ici) en 2010 et LA RÈGLE DE TROIS en 2011 (prix Jean-Vigo du meilleur court métrage), genèse de son premier long métrage LES DEUX AMIS qui prend l’affiche aujourd’hui au Québec. En regardant LA RÈGLE DE TROIS (disponible en cliquant ici) avec le même trio d’acteurs (la sublime Golshifteh Farahani, le toujours attachant Vincent Macaigne et Louis Garrel toujours aussi…Garrelien), Louis Garrel a compris que pour transposer ses personnages dans le format long, il devait absolument leurs donner plus de profondeur.
C’est ce que Garrel semble vouloir nous laisser croire dans LES DEUX AMIS, qui a été sélectionné à la Semaine de la critique au Festival de Cannes en 2015. Prenant comme point de départ et comme ancrage narratif les déboires de la ravissante Mona (Farahani), le réalisateur nous en donne pourtant trop peu pour pleinement comprendre la dynamique de son duo composé de Clément et d’Abel (respectivement Macaigne et Garrel). Toutefois, Louis Garrel a un don, celui de rendre naturel ce qui se trame devant sa caméra. Jamais nous ne sentons le texte à l’origine des répliques, toujours nous traversons le présent des personnages sur leur corde raide entre le bonheur momentané et les ennuis qu’eux seuls savent provoquer.
Ce qui fait que le film fonctionne, nous le devons en grande partie à l’interprétation du trio d’acteurs, pleinement absorbés par leur rôle qui leur ressemble beaucoup (parfois un peu trop). Comment ne pas s’attacher à leurs petits malheurs respectifs même si le drame est parfois amplifié. Il y a une belle tendresse et quelques maladresses dans le cinéma de Louis Garrel, mais avant tout nous y trouvons une compréhension profonde du mot amitié (de son sens, mais aussi de l’engagement qui en découle). Ne serait-ce que pour ça, LES DEUX AMIS est un film qui fait un bien énorme. Du coup, prouvant hors de tout doute qu’il sait manier la caméra et la musique (ses choix sont toujours judicieux), Louis Garrel nous fait la promesse de nombreux rendez-vous intéressants à venir. Et nous y serons!