Avec la fermeture du cinéma Excentris, la Cinémathèque québécoise a eu la brillante idée de reprendre le flambeau de la diffusion d’un créneau précieux, celui des documentaires indépendants, majoritairement québécois. C’est par cette chance que vous pourrez tomber sous le charme du duo UN AMOUR D’ÉTÉ de Jean-François Lesage (grand prix de la compétition nationale longs métrages aux derniers RIDM) précédé du court métrage MÉTRO de Nadine Gomez dès aujourd’hui.
3e long métrage du cinéaste montréalais (en plus d’un moyen métrage UNE NUIT EN CHINE que vous pouvez voir ici), Jean-François Lesage nous confie une fois de plus à une immersion quasi sensorielle dans la métropole (après son magnifique CONTE DU MILE END), plus précisément dans les boisés du Mont-Royal bercé par l’éclairage de la lune.
Tel un Varda qui glane les histoires sur son passage, Lesage installe son dispositif dès son plan d’ouverture, une image surréaliste tellement elle est belle (voir photo ci-haut) d’une montagne si familière mais que nous semblons découvrir pour la première fois. Tout ça au son de l’envoûtante musique de Gold Zebra (que vous pouvez écoutez ici) qui arrive toujours au moment opportun, comme une brise qui passe entre les branches pour venir nous caresser le cou. Dès lors, comme un des nombreux ratons qui habitent ce lieu, nous serons des témoins privilégiés de confidences, d’échanges et de questionnements sur le thème inépuisable de l’amour.
La force du cinéma de Lesage réside dans sa facilité à se fondre dans le paysage, à faire oublier tout le travail de préparation qu’il y a en amont, nous laissant uniquement le résultat de nombreuses nuits de tournage qui paraissent au final en être qu’une seule. Si nous lui pardonnerons des témoignages plus passionnants que d’autres, quel bonheur comme spectateur de plonger tête première dans l’ambiance feutrée d’UN AMOUR D’ÉTÉ. Sans l’ombre d’un doute, le plus beau film que vous verrez cet été (même si nous sommes encore officiellement au printemps).
Juste avant, le très réussi MÉTRO de Nadine Gomez dans lequel elle nous propose de poser un regard différent sur des lieux si communs. Tout comme Jean-François Lesage l’a fait pour le Mont-Royal, Gomez prouve que le métro de Montréal n’est pas que transport, mais aussi un lieu où se côtoie l’architecture et l’art. Portant une attention particulière aux lignes, autant verticales qu’horizontales, Gomez déplace doucement sa caméra pour faire ressortir des symétries, des concordances, des mouvements, des résonances que nous ne voyons plus à force d’utiliser ce transport en commun.
Ayant judicieusement choisi le noir et blanc, qui permet de se concentrer davantage sur les détails, Nadine Gomez poursuit son exploration des trésors cachés de Montréal (après son touchant premier long métrage LE HORSE PALACE).
Rarement un duo long et court présenté ensemble au cinéma aura su si bien se répondre.