C’est le 29 octobre 1969 dans la pièce 3420 de l’Institut de recherche de l’Université Stanford que la toute première connexion entre deux ordinateurs a eu lieu. Prémisse de ce qui deviendra quelques années plus tard notre internet et aussi du fascinant documentaire de Werner Herzog, LO AND BEHOLD – REVERIES OF THE CONNECTED WORLD.
En 10 chapitres, cet essai cinématographique du vétéran cinéaste allemand ratisse large et dans toutes les directions, à l’image de son sujet. S’il est impossible de traiter de tous les aspects d’internet en moins de deux heures, il faut dire que le réalisateur de GRIZZLY MAN montre tout son savoir-faire en gardant son principal objectif, démontrer notre grande vulnérabilité face à cet invention souvent hors de contrôle qui, paradoxalement, contrôle de plus en plus nos vies.
Présenté en primeur mondiale au dernier festival de Sundance, LO AND BEHOLD est un autre solide documentaire du père d’AGUIRRE et de FITZCARRALDO. Herzog qui assure aussi la narration (avec son incomparable accent) et toutes les entrevues, s’intéresse autant au milliardaire Elon Musk (l’homme derrière Paypal, Tesla et SpaceX) qu’à une ermite allergique aux ondes cellulaires. À hauteur d’hommes et de femmes, Herzog met habillement en scène un sujet invisible, sujet qui a des ramifications dans pratiquement tous les aspects de notre quotidien.
Seul minuscule reproche, il est dommage qu’Herzog ait préféré limiter ses horizons aux États-Unis, malgré un sympathique interlude final avec l’impressionnant robot japonais Asimo. Est-ce que la compagnie Netscout, qui finance une bonne partie du film, a eu son mot à dire concernant les détails de la production?
Au final, Herzog nous offre facilement l’un des meilleurs documentaires de l’année. Un film dont nous sortons comme spectateur, la tête pleine et nos neurones pleinement connectés. Et ça au cinéma de nos jours, c’est plutôt rare.
Le film sera à l’affiche du Cinéma du Parc vendredi le 5 août 2016