APRÈS LA NEIGE, chacun son métier

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Certaines personnes excellent rapidement dans un domaine spécifique, enchaînant les projets et les éloges au même rythme. Puis un jour, par manque de défi ou simplement pour réaliser un vieux rêve, ils décident de s’essayer à un poste différent. Tel est le cas de Paul Barbeau, producteur émérite de Reprise films et de la défunte boîte NúFilms. APRÈS LA NEIGE est son premier film comme réalisateur, comme scénariste et comme acteur (en plus de le produire). Trop de chapeaux sur une seule tête? Poser la question c’est définitivement y répondre.

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S’inspirant librement de sa propre vie, Barbeau revisite la fermeture de sa compagnie de production et de la relation qu’il tente d’avoir avec son fils. Un long métrage ponctué de nombreux silences et de multiples questionnements existentiels de la part du personnage principal. Là où des cinéastes chevronnés, ou même de jeunes réalisateurs avec quelques courts derrière la cravate, nous aurait proposé un point de vue intense sur les relations père-fils et un regard personnel face à un échec professionnel, nous avons plutôt droit à un film approximatif dans lequel les émotions ne semblent jamais prendre forme.

Commençons par le début, soit le scénario. Si le manque d’originalité du sujet avait été comblé par des scènes marquantes ou des dialogues relevés, ce qui malheureusement n’est pas le cas, l’histoire aurait pu s’en voir bonifiée. Entre une séquence où Paul range son mobilier de patio et une autre dans laquelle il laisse un autre message à son fils, le spectateur reste distant face à ce drame ordinaire.

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Enchaînons avec la réalisation, position périlleuse où Paul Barbeau c’est réellement mis en danger. Voir travailler Sébastien Rose, Ivan Grbovic et surtout Maxime Giroux doit inspirer grandement, même donner des élans créatifs à ceux qui ont la chance de les côtoyer. Mais ce contact n’est pas une assurance de réussite à ceux et celles qui voudraient les imiter. Giroux particulièrement, possède une maîtrise impressionnante du non-dit, de cet espace-temps ouvert aux jeux d’acteurs professionnels, où il sait ajouter subtilement le détail nécessaire pour que la scène soit complètement réussie, pour que naisse la poésie. APRÈS LA NEIGE est beaucoup trop sage, comme si Paul Barbeau n’avait pas complètement eu le courage d’expulser tout la rage créative qu’il l’habitait.

Finissons avec l’interprétation de Paul Barbeau. Le seul moyen de récupérer son scénario et sa mise en scène rudimentaires reposait sur la performance de ce producteur aux quatre chapeaux. Rapidement, le Barbeau réalisateur aurait dû comprendre que le Barbeau acteur n’était pas l’homme de la situation. De l’écran au siège de cinéma, l’émotion ne se rend pas. Il reste devant nos yeux un non professionnel qui joue à jouer un rôle, du mieux qu’il le peut.

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Après la neige est la preuve qu’un métier ne s’improvise pas, il s’acquiert suite à un apprentissage, parfois long, et une rigoureuse pratique. Exactement ce que Paul Barbeau a si bien réussi comme producteur. Ce chapeau lui va si bien, pourquoi en essayer d’autre.

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