Drôle d’année pour le cinéma québécois, heureux de certains succès (les évidents BON COP BAD COP 2 d’Alain Desrochers et DE PÈRE EN FLIC 2 d’Émile Gaudreault) et content de voir le cinéma de genre s’affirmer davantage (LE PROBLÈME D’INFILTRATION de Robert Morin et LES AFFAMÉS de Robin Aubert), la place des femmes n’est pas encore gagnée en réalisation et le public demeure encore discret pour embrasser les propositions les plus audacieuses, même celle d’un grand roman à succès (l’adaptation de LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES par Simon Lavoie).

LE PROBLÈME D’INFILTRATION de Robert Morin
Avant de vous dévoiler mon top 5 des meilleurs films québécois de fiction vus pour la première fois en 2017, je tiens à préciser que cette liste exclut CEUX QUI FONT LES RÉVOLUTIONS À MOITIÉ N’ONT FAIT QUE SE CREUSER UN TOMBEAU de Mathieu Denis & Simon Lavoie, MES NUITS FERONT ÉCHO de Sophie Goyette, LES ARTS DE LA PAROLE d’Olivier Godin et NELLY d’Anne Émond, tous découverts à l’automne 2016. Et je reviendrai prochainement sur les longs métrages documentaires québécois.
Voici donc les 5 longs métrages québécois qu’y ont marqué mon année cinéma en 2017:
5. LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES de Simon Lavoie
Passage réussi au grand écran pour le roman dit inadaptable de Gaétan Soucy LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES par un Simon Lavoie, encore une fois, en pleine possession de ses moyens. Ne sacrifiant rien pour satisfaire un public plus large, Lavoie compose un visuel gothique d’une grande beauté (somptueuse photographie de Nicolas Canniccioni), porté par une jeune Marine Johnson frondeuse et lumineuse dans cette grande noirceur.
4. LE PROBLÈME D’INFILTRATION de Robert Morin
Robert Morin s’amuse encore beaucoup avec sa muse, le cinéma, lui rendant un hommage entre l’ombre et la lumière, digne des expressionnistes allemands. LE PROBLÈME D’INFILTRATION est une réussite technique avec ses nombreux plans séquences et des astuces ingénieuses (comme la scène en 360 degrés dans la voiture). Et que dire de la performance de l’éloquent Christian Bégin, au sommet de son art. Un Morin majeur que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
3. TUKTUQ de Robin Aubert
Avec TUKTUQ, 2e des cinq volets de sa pentalogie des continents qu’il a l’intention de réaliser, un par continent, sous le thème FANTÔMES ET VOYAGES, Robin Aubert confirme son talent pour filmer autant les grands espaces, que les gens qui l’habitent. En incluant dans sa fiction des moments de cinéma direct, il fait un devoir de mémoire empreint d’une grande authenticité, allant même à nous proposer les sonorités de cette langue nordique des inuits sans le filet des sous-titres. Il nous montre aussi un savoir-faire dans l’écriture de dialogues, qu’il interprète humblement face à la voix téléphonique d’un Robert Morin inquisiteur et savoureux de mauvaise foi. Très hâte au 3e volet sur un autre territoire.
2. TADOUSSAC de Martin Laroche
Si certains cinéastes semblent toujours réaliser sans grande surprise leur prochain film, Martin Laroche ne fait définitivement pas parti de ce groupe. En progression constante d’un projet à l’autre, il épate avec son 4e long métrage, le solide TADOUSSAC. Écriture minutieuse, mise en scène précise, direction d’actrices sans carcan (Camille Mongeau juste et Isabelle Blais éclatante), montage instinctif, caméra vivante, l’oeuvre de Laroche montre un désir de raconter l’essence même d’un vide, évitant tout superflu, toutes digressions. Un réalisateur qui aime son métier et ses multiples chapeaux, c’est un véritable bonheur comme critique et, surtout, comme spectateur.
1er LES AFFAMÉS de Robin Aubert
Avec LES AFFAMÉS, Robin Aubert vient de faire taire à tout jamais ceux qui ne croyaient pas encore à la possibilité de produire du cinéma de genre de qualité sur notre territoire. Et parlant de territoire, Aubert démontre son attachement profond à son coin de pays, à ses forêts, ses champs et ses habitants qui figurent droits et fiers devant ces amats de détritus, véritables installations d’art contemporain, magnifiques créations d’André-Line Beauparlant. Ces zombies sont davantage des âmes égarées, les oubliés des grands centres qui doivent subvenir à leurs besoins de base. En respectant le genre, Robin Aubert le transcende en lui insufflant un engagement politique, le ponctuant avec juste assez d’humour et d’horreur. Épaulé d’un casting où tous les survivants mettent la main au fusil ou à la machette, il très intéressant d’y voir la place prépondérante des femmes de tout âge, fortes et capables d’affirmer qu’elles ne se laisseront pas mordre, si possible, sans leur consentement. Un parfait écho de cette année 2017 qui se termine bientôt.
Et vous, vos meilleurs films québécois de 2017?
Pour lire les autres articles de mon année cinéma 2017:
LES MEILLEURS 2017 – Mes 30 meilleurs films
LES MEILLEURS 2017 – Documentaires
Pingback: Meilleurs de 2017 – Documentaires – LES YEUX GRANDS OUVERTS
et ben… Que des bonnes nouvelles !!!
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Et quelques uns de ces films seront présentés au printemps à Florac!
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