VUS ET PAS (ENCORE) VUS AU 49E FNC

Ours d’Or au dernier Festival de Berlin, l’incontournable LE DIABLE N’EXISTE PAS
du cinéaste iranien Mohammad Rasoulof 
 

2020, l’année de tous les dangers. Comment construire une programmation quand la planète cinéma s’arrête complètement, pour ensuite hésiter vraiment à se relancer? À la veille de son 50e anniversaire, le Festival du Nouveau Cinéma avait tout un défi, auquel c’est ajouté une 2e vague de cette satané pandémie, venant limiter ses activités en présentiel. Mais le FNC 49 aura bien lieu, en version numérique. Il débute aujourd’hui jusqu’au 31 octobre, avec une sélection beaucoup plus proche de sa mission initiale, s’éloignant des grands noms habituels pour faire une place de choix à l’audace, aux expérimentations, à ces cinéastes dédiés complètement à leur art. Voici quelques films vus, et quelques titres attendus:

FILM VUS

COCOON de Leonie Krippendorff, Allemagne, 95 minutes, 2020 ⭐⭐⭐1/2

Les récits d’apprentissage sont un genre en soi, ils pullulent depuis de nombreuses années sur les écrans de la planète, et le Québec n’y a pas échappé. Justement, nous pensons beaucoup à la Mylia d’UNE COLONIE de Geneviève Dulude-De Celles en découvrant lentement la Nora de COCOON de Leonie Krippendorff. Il y a une belle tendresse de la cinéaste envers sa protagoniste, une douce timide qui se cherche beaucoup, vivant un peu trop à travers le regard de sa sœur sur le monde qui les entoure. La jeune actrice allemande Lena Urzendowsky compose une Nora complexe, forte, résiliente, une véritable révélation qui permet au film de se démarquer des autres Coming of age sans élan.

ÊXTASE de Moara Passoni, Brésil / États-Unis, 72 minutes, 2020 ⭐⭐⭐

Pour son premier long métrage, la cinéaste brésilienne Moara Passoni confronte son passé avec l’anorexie, dans son œuvre sensorielle ÊXTASE. Trouvant le juste équilibre entre l’exploration cinématographique et la mise en scène du réel, il y a un énorme désir de cinéma derrière chaque plan, pour créer l’atmosphère adéquat, celui dont émanera les souffrances et le questionnement. Un film âpre, confrontant, mais aussi poétique et nécessaire.

THALASSO de Guillaume Nicloux, France, 93 minutes, 2019 ⭐⭐⭐

Rencontre au sommet dans ce 13e long métrage de Guillaume Nicloux, avec deux monstres sacrés de la culture française, l’auteur Michel Houellebecq et le comédien Gérard Depardieu. Suite à peine voilée du téléfilm L’ENLÈVEMENT DE MICHEL HOUELLEBECQ, THALASSO fascine plus qu’il épate. Quel bonheur de voir ces espèces de Laurel et Hardy de l’Hexagone se faire tripoter, arroser et tout autre situation les rendant mal à l’aise. Même si nous dévorons chacun de leurs savoureux échanges, au final il ne nous reste très peu de matière à réflexion. Comme un bon massage qui nous replace les esprits pour un moment, mais qui est vite oublié lorsque nous remettons le pied dans la clameur de la ville.

THERE IS NO EVIL de Mohammad Rasoulof, Iran / Allemagne / République Tchèque, 150 minutes, 2020 ⭐⭐⭐⭐1/2

Comme son compatriote Jafar Panahi, le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a été assigné à résidence. Ne pouvant pas pratiquer son métier et encore moins sortir de son pays, suite à son précédent film, le célébré et engagé UN HOMME INTÈGRE. Cela ne l’a pas empêché de tourner clandestinement l’impressionnant THERE IS NO EVIL, un puissant plaidoyer contre la peine de mort. Construit en quelques vignettes s’entrelaçant adroitement, Rasoulof prouve une fois de plus que le cinéma iranien demeure l’un des plus riches, autant formellement qu’humainement. Un grand film qui méritait amplement son Ours d’Or à la dernière Berlinale.

THE TREMOR de Balaji Vembu Chelli, Inde, 71 minutes, 2020 ⭐⭐⭐

À des années lumières de Bollywood, le jeune réalisateur indien Balaji Vembu Chelli connecte davantage avec d’autres collègues asiatiques comme le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et le philippin Brillante Mendoza. Même si THE TREMOR se cherche un peu, il y a un efficace dispositif mit en place qui nous garde intrigué du début à la fin, entre le rêve et le cauchemar. Un nom à suivre de près, qui sera sûrement capable de raffiner son art et de nous surprendre encore.

PAS ENCORE VUS

APPLES de Christos Nikou, Grèce / Pologne / Slovénie, 90 minutes, 2020

Il suffit de savoir que le mentor de Christos Nikou est nul autre que l’acclamé Yorgos Lanthimos (CANINE, THE LOBSTER, THE FAVORITE) pour être intrigué par APPLES. En plus d’avoir été son ancien assistant, l’idée de suivre un amnésique qui se souvient uniquement d’avoir une passion pour les pommes, donne faim à tout bon cinéphile.

CONFERENCE de Ivan Tverdovskiy, Russie / Estonie / Royaume-Uni / Italie, 129 minutes, 2020

Le cinéaste russe Ivan Tverdovskiy est de retour après son précédent film, le réussit JUMPMAN. Cette fois-ci, il nous replonge dans une page sombre de l’histoire contemporaine russe, la prise d’otages du théâtre Dubrovka à Moscou, qui avait fait 128 victimes en 2002. Le peu d’images disponibles nous promettent un drame glacial d’une grande beauté formelle.

LAST AND FIRST MEN de Jóhann Jóhannsson, Islande, 70 minutes, 2020

Il y a des artistes qui nous quittent beaucoup trop tôt, nous laissant des œuvres fortes au sein d’un parcours créatif que nous savons inachevé. Tel est le cas du talentueux compositeur islandais Jóhann Jóhannsson, qui a influencé la musique de films en collaborant avec Denis Villeneuve sur PRISONERS, SICARIO et ARRIVAL. Raison de plus de déguster chaque seconde de son seul et unique long métrage comme cinéaste, LAST AND FIRST MEN. Cette science-fiction contemplative au cœur des vestiges de l’ex-Yougoslavie nous promet de beaux vertiges.

POISSONSEXE d’Olivier Babinet, France / Belgique, 89 minutes, 2020

Une des belles pépites de 2016 demeure sans contredit l’inclassable SWAGGER, 1er long métrage du cinéaste français Olivier Babinet. Les espoirs sont donc grands pour sa comédie POISSONSEXE, qui met en vedette le comédien Gustave Kervern en plus d’évoquer l’univers absurde de ce dernier avec son comparse Benoît Delépine (les réalisateurs des décalés LOUISE-MICHEL, MAMMUTH, I FEEL GOOD).

UNDINE de Christian Petzold, Allemagne / France, 90 minutes, 2020

Le sublime duo de TRANSIT que formait Paula Beer et Franz Rogowski est de retour devant la caméra du toujours captivant Christian Petzold. Fable aquatique moderne, drame romantique laissant la trace d’écailles, UNDINE intrigue et est définitivement l’un des films phares de cette 49e édition du FNC.

Pour tous les détails sur le fonctionnement de cette édition numérique et sur la programmation https://nouveaucinema.ca/fr/

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